Quand j’étais petit (mais je mesurais déjà 1m92...) je me disais « quand j’serai grand, je m’achèterai une belle auto » !

Le temps a passé, d’abord une BMW un peu ancienne, puis une autre un peu plus récente. Les modes et les goûts changent et mon choix se porte sur une Porsche «Targa». Le son du Flat Twin refroidi par air était magique, inimitable !

En prenant de l’âge, les goûts évoluent encore et l’odeur du cuir, la douceur des boiseries me titillaient déjà. Tout naturellement je regarde vers les anglaises : une berline Jaguar XJ me donne beaucoup de plaisir et ensuite pour faire plus « d’jeune », je la remplace par un coupé XJS. Pour l’instant tout va bien...

Le temps passe, je deviens un peu moins jeune, l’âge de la retraite est arrivé et là, je me dis qu’avant d’être complètement vieux, il me faut avoir une Ferrari. Évident, non ? Et pourquoi pas une Testarossa parce qu’elle un beau « derrière ». Les connaisseurs seront d’accord avec moi !

C’est décidé, direction Monaco. Mon ami David Halliday (il est chanteur mais aussi pilote automobile) qui est maintenant résident sur le « Rocher » me trouve la perle rare. Rendez- vous est pris pour faire un essai : l’auto a plus de dix ans, moins de 4 000 km au compteur, propriété d’un «golfeur» (habitant d’un pays du Golfe !).

C’est à partir de maintenant que ça ce gâte : l’auto est magnifique, elle entre dans mon budget, essai et bonheur parfait... mais au sortir de l’auto je me rends compte que si la Ferrari est encore jeune, moi je ne le suis plus tout à fait ! Manœuvrer le levier de vitesse, l’embrayage, le volant, faire un créneau, s’extraire de l’auto... tout est difficile. Le constat est sans appel : je m’y prends dix ans trop tard !

Totalement dépité, je remonte dans ma Jaguar XJS qui est encore parfaitement compatible avec mes aptitudes physiques et retour à la maison. Bon, sujet suivant...

Sur le chemin du retour vers la Bretagne, je revoyais quelques images du temps de ma splendeur physique et une vision me revenait régulièrement en boucle : mes obligations professionnelles m’amenaient très fréquemment à Paris et particulièrement vers la place des États-Unis. Là, très souvent sur la droite était stationnée une Rolls-Royce. Pour le provincial que j’étais, c’était une auto remarquable, bleu nuit, intérieur beige... Tout ça avait vraiment de la gueule !

Mais revenons à ce pourquoi j’ai commencé ce récit : après l’épisode manqué de la Ferrari, toujours par David Halliday, je suis invité au Grand Prix de Monaco, c’était en 2004. 

Trois jours de festivités et un soir c’est réception à la Villa «Daïquiri» chez les Baccardi (oui, le rhum...) et il est convenu que le chauffeur « de Monsieur » passe me prendre. À l’heure dite, le chauffeur est là, moteur tournant, portière ouverte et je monte dans l’auto qui... est maintenant la mienne ! (non, je ne l’ai pas volé...) : une ROLLS-ROYCE Silver Spur «Centenary», bleu nuit intérieur beige comme toutes les « Centenary » !

Sur le chemin du retour j’avais dit à Michel, le chauffeur, que si un jour Lord Baccardi se séparait de cette auto cela pourrait m’intéresser. Un an après, le 5 juillet j’en prenais livraison et j’emmenais ma maman avec la SPUR « Centenary » dans un beau restaurant de Monaco fêter ses 86 ans ! Sympa, non ?

Bien évidemment, à ce moment-là, j’ignorai totalement ce qu’était la « Centenary »

 

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Un peu d’histoire : La SPUR « Centenary » c’est quoi ? En 1985, année de production de la 100 000ème Rolls-Royce, les ouvriers de l’usine de Goodwood réalisèrent une SPUR dotée d’aménagements et de finitions spécifiques pour commémorer l’événement.

L’auto est si bien réussie qu’il est décidé d’en produire une petite série de 25 exemplaires destinées aux meilleurs clients de la marque : Sultan de Bruneï (n° 01), Lord Spencer -père de Lady Diana- (n° 18)... Deux seulement furent immatriculées en Europe continentale : la n° 14 acquise par le Roi Fahd d’Arabie Saoudite et la n° 16 (la mienne maintenant) par Luis Gomez del Campo Baccardi, Lord of Bayfield Hall. Ses armoiries figurent toujours sur les deux portières arrière...

Spécifications : peinture « Royal Blue », cuirs « Champagne Nuella », parement des portes arrière avec les mêmes boiseries que le tableau de bord, incrustation du sigle RR en argent massif sur les boiseries des hauts de portières, plaque commémorative au verso du couvercle de boîte à gants.

La console centrale avant contient un bar avec ses verres en cristal et ses flasques à whisky en argent massif. En 1985, le prix «tarif» était de £ 77 740 soit £ 9 995 de plus que la Silver Spur habituelle. 

En Octobre de cette même année 2005, je devenais «full member» du R-REC, pour le pire et... le meilleur ! La SPUR « Centenary » était connue des Enthusiasts’ de la marque puisqu’un membre du R-REC France avait accroché dans son garage un poster sur lequel figurent les 25 exemplaires + l’originale de cette série spéciale. Ce poster est maintenant dans mon salon ! Non, je ne l’ai pas volé non plus, c’est Jean-Yves Rondeau qui me l’a tout simplement offert, sans haine ni violence...

Americo s’occupe merveilleusement bien de cette auto que j’utilise régulièrement, ce matin encore pour aller faire mon marché à Quiberon. Il y a pas si longtemps, c’est mon ami et presque voisin, Arnold Lévitte, membre du R-REC dont la Bentley lui a fait une « infidélité électrique » qui est venu la chercher pour marier sa nièce dans les fin fonds de notre Bretagne... Je le soupçonne de l’avoir fait exprès parce que mon auto est « presque bien plus mieux » que la sienne !

Voilà mon arrivée dans le monde Rolls-Royce mais à force de m’entendre dire que « si à 70 ans on n’a pas encore de Bentley c’est qu’on a raté sa vie », alors je suis passé à l’acte il y a trois ans avec un cabriolet Bentley Azure mais ce sera l’occasion d’une autre histoire...

Jean-Pierre BOIROUX Mai 2020 

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