Mire 1

Pas facile de passer après Martine MARCADÉ pour confier ses impressions et souvenirs... Son style ravageur tout en subtilité est inimitable et je ne vais donc même pas essayer.

Comme la sienne toutefois, notre histoire commence avec un rêve et une Dinky Toys... J’avais environ 10 ans quand la Silver Cloud 1, modèle réduit, qui trône toujours dans ma bibliothèque m’a été offerte. J’avais une petite collection de miniatures mais ce modèle m’a d’emblée séduit !! plus encore que le camion de pompier avec une grande échelle qui était pourtant plus de mon âge. Réflexion faite, je crois qu’il s’agissait plutôt d’une Solido...

Son élégance et sa ligne faisaient merveille sur les routes imaginaires tracées sur le tapis de ma chambre et le plancher du couloir, et je me suis confusément promis qu’un jour, peut-être, je m’achèterais la même, « pour de vrai ».

Mais il m’a d’abord fallu répondre à d’autres priorités : faire mes études, me marier, faire des enfants et construire notre maison. Ce n’est donc que vers l’âge de 40 ans que j’ai acquis ma première Rolls : une Silver Shadow 1 d’occasion à la Franco-Britannic à Levallois-Perret. Je ne l’ai pas gardée très longtemps car elle n’était vraiment pas en bon état et je m’en suis séparé sans regret pour acheter en 1991 une autre Silver Shadow, importée cette fois des Etats-Unis !... Son propriétaire précédent, un certain Donald Trump, l’avait outrageusement négligée et je l’ai aussi rapidement revendue à un « négociant » spécialisé de réputation sulfureuse dans le Sud-Ouest.

Mais c’est avec cette Shadow-là que nous avons fait, en 1994, notre entrée au Club : notre première sortie s’est faite chez Georges Blanc à Vonnas et nous n’oublierons jamais notre première soirée à l’auberge de la Mère Blanc. Le président Jean Lafargue nous a accueillis à sa table, où nous avons fait la connaissance d’Andrée son épouse, de Jean Marcadé et Martine, de Guy Tripot et Mireille, de Camille et Jo Levar, de Jean-Yves Rondeau et Isabelle avec leur shih- tzu, et de bien d’autres que je ne peux pas tous citer mais qui sont rapidement devenus des amis.

Nous avons eu, grâce à eux, d’emblée l’impression d’intégrer une nouvelle famille qui nous a accueillis avec gentillesse et simplicité. J’insiste sur ce mot parce que, malgré le caractère prestigieux de la marque, tous ces nouveaux amis m’ont paru allier classe et retenue... et quand j’évoque cette notion, je revois toujours ce petit sourire amical, tendre et ironique de notre regretté Jean Marcadé ; il adorait se faire encore plus petit qu’il ne l’était physiquement et j’attendais avec impatience sa revue mensuelle qui reflétait si bien sa grande culture et la grâce mystérieuse de Martine... J’en ai gardé tous les exemplaires.

Quelques mois plus tard, en septembre 1994, ce fut le championnat de France de Polo en Bourgogne et ainsi, pendant une vingtaine d’années nous nous sommes réjouis plusieurs fois par an de retrouver tous nos amis du club dans des sorties diverses et variées mais toujours passionnantes. En 1995, j’ai organisé un rallye en Alsace auquel ont participé 25 équipages pendant 3 journées bien remplies.

Cette année-là, nous avons décidé de changer notre Shadow pour une Silver Cloud 1 de 1957, le modèle que j’avais déjà possédé à 10 ans, mais cette fois pour de vrai. Comme dès notre arrivée, Jean nous avait conseillé d’avoir plusieurs voitures pour (je cite) « en avoir au moins une qui démarre », nous avons aussi acquis aux enchères à Paris, à la vente annuelle de Le Fur, une Corniche Cabriolet de 1978. En fait, comme nous ne pouvions pas nous déplacer, c’est Jean Marcadé qui est allé voir la voiture à la Porte Maillot, puis a poussé pour nous les enchères... de sorte que, pendant des années, le pauvre Jean culpabilisait à chaque fois que nous avions un souci mécanique. Et nous en avons eu quelques-uns, puisqu’en 2000 au mariage de notre fille, nous n’avons même pas pu l’emmener à l’église à Lambesc, près d’Aix en Provence, le joint de culasse ayant rendu l’âme sur l’autoroute à hauteur de Brignoles... 

Mire 2

Depuis quelques années hélas, étant un peu excentrés par rapport à la région parisienne, nous ne rejoignons plus guère nos amis du Club, mais nous adorons recevoir des nouvelles de leurs merveilleuses sorties, car même si nous n’appartenons plus au Club, le secrétaire nous fait l’immense plaisir de nous tenir informés de sa vie, et nous y sommes très sensibles. Nous gardons des souvenirs inoubliables des vingt années passées comme membres actifs de la Section Française du RREC.

Nous possédons toujours la Silver Cloud et la Corniche ; nous les avons fait restaurer assez complètement, au moins au niveau mécanique, il y a quelques mois. Nous participons aux sorties d’un Club local dans les Vosges, à Vittel, et sommes d’ailleurs régulièrement invités au Club Med par le chef de village de l’Hôtel de l’Ermitage (sur le parcours de golf) avec d’autres voitures anciennes dans le cadre de leurs animations hebdomadaires.

Nous nous réjouissons surtout, depuis quelques jours, à l’idée de vous retrouver tous, le 9 septembre prochain en Franche Comté, pour le Rallye Forges et Lavoirs !... Pour une fois qu’une manifestation a lieu à notre porte, nous n’allions pas nous en priver !

Avril 2020 

Lorsque j’étais en activité, je roulais pour le plaisir en Jaguar type E, XJ6, XJS V12, XJ 4 litres, S

type, et enfin XJ 3.5 dernière génération classique, caisse alu, suspension à air, merveilleuse auto ! Puis la retraite m’a frappé de plein fouet !!!

À cette époque, je faisais du bateau, voilier et prenant de l’âge du bateau moteur habitable. Tous les ans, depuis plus de 25 ans, avec mon beau-frère, nous partions en vacances à deux bateaux : Espagne, Angleterre, mais aussi sur nos belles côtes Françaises. Puis mon beau-frère nous a quitté, donc moins d’enthousiasme, alors j’ai vendu ma dernière vedette.

Depuis très longtemps, l’idée d’une Rolls ou d’une Bentley me trottait dans la tête sans toutefois franchir le pas par manque d’information sur ces belles autos... Et puis il y a quatre ans environ, j’étais allé payer la facture d’entretien de mon bateau et en sortant du chantier naval, je vois passer une Rolls-Royce. Par curiosité je l’ai suivi... et à mon grand étonnement, elle s’arrête près de chez moi chez un ami garagiste à Erdeven. Je m’arrête histoire de bavarder un peu. J’étais avec ma vieille BX Citroën laquelle me servait pour le bricolage, promener les chiens, la déchetterie...

Je descends et attends la fin de la conversation entre la propriétaire de la R-R et le garagiste. Après m’être présenté je commence à discuter. Je dis au propriétaire de la Rolls que je n’ai que le porte clé avec un grand sourire il me dit « voulez-vous faire un tour » et me tend les clefs ! J’avoue avoir été un peu perturbé par cette confiance mais bien évidemment je lui dis oui, mais pas sans vous. Nous voilà partis et il me dit : « ça se voit que vous avez l’habitude de conduire avec souplesse ». De retour au garage nous échangeons nos cartes de visite. Cette personne c’était notre ami Jean-Pierre Boiroux !

Convaincu du bien-fondé de cet essai, je prends rendez-vous chez Prestige Automotiv. J’enfourche ma moto et me voilà à Pouilly-les-Nonains. Très bien reçu avec une très grande gentillesse par M. Goujas, j’effectue plusieurs essais de Rolls et de Bentley mais malheureusement aucun véhicule n’était à ma portée. Alors je vais chez Autogallery à Bordeaux où l’accueil a été plus que mauvais ! Retour à la maison totalement déçu.

Quelques temps après, un ami me dirige chez un particulier qui avait une Bentley « éventuellement » à

vendre. Direction Caen où je suis sympathiquement reçu par le propriétaire d’une auto dans un état

proche du neuf. Retour dans ma Bretagne merveilleusement heureux et très rapidement je suis retourné

récupérer « ma » Bentley Turbo R 1995 intérieur Brookland.

Levitte 1

Avec Jean-Pierre nous sommes devenus bons amis et j’ai eu le plaisir de faire l’entretien des cuirs de sa Spur et sa Bentley Azure. Nous avons fait quelques sorties ensemble avec nos autos comme le rassemblement de septembre 2019 aux Sables d’Olonnes « À nous les Belles Anglaises » où j’ai eu le plaisir de rencontrer d’autres Enthusiasts’ comme Christian Herr et Alain Le Quéré. Un beau souvenir...

J’ai actuellement tout le temps de « bichonner » mon auto mais j’aimerais qu’après les circonstances actuelles qui nous confinent à la maison nous puissions avec les membres du Club organiser un tour de Bretagne.

Voilà ma petite histoire d’amour...

Arnold LÉVITTE

Mai 2020 

Lier 1

C’était un samedi matin à Ridgewood, non loin d’Oakland et de Franklin Lakes, dans le New-Jersey vallonné des lacs, des immenses demeures cossues en fausses briques et des manoirs délicieusement kitsch du milieu des années 1980. Le jeune étudiant que j’étais alors passait le temps d'un été chez les parents de celle qui deviendrait bien longtemps plus tard sa future ex-épouse.

Je l’avais conduite jusqu'à la ville proche, elle devait y faire un saut rapide pour récupérer sa commande au WholeFoods Market local ; ce week-end-là, nous recevions du monde. Je me souviens bien, j’étais, pas peu fier, au volant de notre Pontiac GrandPrix coupé, modèle 1979, couleur bordeaux et toit vinyl crème (oui...), entrant sur le parking de ce mini- centre commercial dont les Américains ont le secret, un de ces endroits presque agréables où les commerces bâtis dans un style inspiré de la Nouvelle Angleterre plaisaient à l’œil, à une époque où les places de stationnement se nichaient encore entre de riches haies arborées.

Garé depuis quelques minutes, j’attendais, rêveur, son retour. Je ne me souviens plus de mes pensées, j’avais 24 ans, déjà riche de rêves et l’espérais-je aussi, de potentialités que me réserverait un futur clément. Par une de ces improbables sérendipités dont la vie gratifie parfois lors de ces moments-là, je crus voir ce futur commencer à se matérialiser devant mes yeux : glissant sans bruit sur le tarmac dans la fraîcheur du matin, une Rolls- Royce Corniche bleu azur, décapotée, une jeune femme aux cheveux enserrés d’un foulard à son volant, ses yeux dissimulés derrière de larges lunettes sombres, vint se garer juste à côté de moi. Une épiphanie... euh... Audrey H., is it you ? Elle ouvrit sa portière, se tourna, accusant d’un bref sourire la roture de la Pontiac avant de disparaître d’un pas décidé, laissant insouciante derrière elle sa voiture capote baissée.

Un essaim d’abeilles aurait pu entrer entier dans mon gosier. Pendant de longues minutes, je ne pus m’empêcher de détailler la Corniche du regard. Magnifique. Juste magnifique. Le rêve à portée de main, enfin de ma main au bout de mon bras, juste garé là, à côté. Ma future qui revint quelques minutes plus tard interrompit ma transe et nous repartîmes banalement vers un après-midi oublié depuis.

Égrenées au rythme des événements de la vie, les décennies ont passé, joies et peines confondues, emmenant avec elles cette apparition jusqu’à en effacer le souvenir même de mon esprit. Du moins le croyais-je.

Trente et un ans plus tard, après avoir cherché en vain une direction durable dans mes dispendieuses amours automobiles, à demi-stabilisé dans ma dilection pour les admirables coupés V12 Mercedes, je tombais à la sortie d’un repas, sur la Silver Shadow bleu azur, de l’ami d’un ami. Ce fut le coup de foudre imprévu et incompréhensible, immédiat dans son urgence et d’une force écrasante. Je ne me posais même pas la question du pourquoi et mon esprit immédiatement se mit à battre la campagne de mes finances, m’imaginant déjà que je pourrais peut-être proposer de l’acquérir.

Deux enfants en longues études aux USA et un divorce tendu m’avaient confiné à un état qui certes, avait connu de bien meilleurs jours mais... la Shadow était devant moi, vive de sa présence irrésistible et d'un étrange parfum de déjà-vu. Elle semblait être en bonne condition de loin, révélant cependant quelques défauts – funeste sous-estimation de ma part - qui la rendraient je l’espérais négociable. Rien de ce que j’étais sur le point de faire n’était raisonnable mais, sans plus réfléchir, j’offris néanmoins de l’acquérir.

C’était ma première Rolls Royce. Je ne connaissais pas ces mécaniques mais son prix me sembla presque raisonnable. Saisi de cette fièvre que les passionnés connaissent si bien, brûlant de la posséder, je me dis, au diable les possibles réparations. Le vendeur qui perçut probablement ma fièvre, se montra bien peu flexible. Tant pis. Une semaine plus tard, je signais le chèque et entrais à plain-pied dans ce rêve éveillé troublé par la mystérieuse apparition de cette noble automobile dont j’allais enfin découvrir tout le plaisir qu’elle me prodiguerait, tous les sourires qu’elle déclencherait et tous ces gens passionnants que je rencontrerais grâce à elle.

Ce n’est que quelques semaines plus tard que je finis par me souvenir, un soir alors que je tentais de comprendre la vague d’urgence qui venait de me balayer mes économies et moi, m'abandonnant dans son sillage avec un sentiment d’évidente attraction pour la marque, là où les contingences de ma vie avec des Mercedes à l’âme insaisissable, m’avaient désespérément condamné à une faim que je n’arrivais pas à satisfaire. 
Lier 2

Je revis alors soudainement l’apparition, trente et un ans plus tôt sur le parking, de cette belle et insouciante jeune femme et de sa Corniche bleu azur... Qu’étaient-elles devenues ? Je compris que pendant toutes ces années, quelque part au fond de moi, l’attente et l’espoir patiemment confondus, venaient tout juste de se réveiller.

Quelle étrange mais ô combien élégante manière de m’amener dans l’univers Rolls Royce ! Ma Silver Shadow, ma première Rolls, qui depuis a gagné une grande sœur, une Silver Cloud III, n’est ni parfaite ni glorieuse, mais elle a fait de moi son nouveau et heureux gardien et je me prends encore parfois à espérer que, quelque part au loin, cette divine Corniche bleu azur, elle aussi, a trouvé ou conservé le sien et mène une existence digne du souvenir gravé dans ma mémoire.

Avril 2020 

ou : Rolls-Royce, cinquante ans de passion ...

Ma passion a débuté dès l'âge de cinq ou six ans, avec une collection de miniatures au 1/43ème, de toutes marques, à qui je faisais subir des accidents spectaculaires dont seules les Rolls-Royce sortaient indemnes. En effet, pour faire plus vrai, j'empruntais en cachette le marteau à papa afin que les véhicules accidentés le soient vraiment...

L'été, ayant la chance de passer une partie de mes vacances entre Nice et Monaco, je pouvais rêver devant les Silver Cloud, Phantom V et nouvelles Silver Shadow qui pullulaient dans ce secteur béni des dieux. Avec l'âge, je me suis rapidement armé d'un petit appareil Konica qui me permettait de « mitrailler » tout ce qui passait, que ce soit à Beaulieu sur mer ou sur place du casino de Monte-Carlo.

Quand nous n'étions pas sur la Côte d'Azur, nous nous rendions dans le Lot où maman possédait une propriété dans les causses. Pour faire les courses, nous nous rendions alors à Figeac où j’espérai toujours croiser Paul Sadoul, lointain cousin de maman, et sa somptueuse Silver Dawn cabriolet Park ward de 1954 (ex-baron Empain). Je dois d’ailleurs avoir quelques photos de cette dernière, prises à cette époque, à la maison !

En 1977, étant trop petit pour sortir tout seul, je me suis rendu pour la première fois à Rétromobile qui se tenait à cette époque dans l'ancienne gare de la Bastille, avec ma grand-mère. Ce salon n'avait alors aucun rapport avec ce qu'il est devenu de nos jours, il me semblait que presque tout le monde se connaissait de vue et on trouvait tout et n'importe quoi à des prix très abordables. Au détour des allées, j'ai d’ailleurs pu y compléter ma collection de catalogues qui avait commencé avec ceux que mon parrain avait bien voulu demander pour moi à la Franco- Britannic.

L'année suivante, je me suis rendu seul à la troisième édition de ce même salon et ai rencontré Jacky Gondry, sympathique belge qui possédait à l'époque une des plus importantes collections de catalogues et de miniatures Rolls-Royce et Bentley. Il me parla du RREC dont il était adhérent et fin 1978, grâce à son parrainage, j'en devins membre à part entière, malgré mes quinze ans. Je fus alors le plus jeune adhérent du club et gardai ce titre pendant de longues années.

Début 1979, je fus accueilli à la section française par l'ami Ludo Pivron à l'occasion d'une réunion qui se tenait au Trianon Palace Hôtel où j'ai tout de suite sympathisé avec Jean et Martine Marcadé. N'ayant pas encore de voiture, j'ai eu la chance de faire la promenade qui suivit le déjeuner dans la Silver Cloud de Jean, la Bentley Mark VI de Ludo, la Silver Shadow de Philippe Moret et pour finir la Silver Wraith de Jean et Andrée Lafargue... Le rêve !

En juillet, ce fut le premier Rallye Paris-Cabourg que je fis à bord de la Silver Dawn de Paul Sadoul que j'avais eu le plaisir de retrouver au RREC. Pendant trois jours, je fus sur un petit nuage ayant été « mandaté » par Ludo pour photographier les véhicules participants. Ce « statut » qui me donna l'occasion de monter à bord de la plupart d'entre elles et notamment la superbe 20/25hp de Derek Harris. L'année suivante, toujours grâce à Ludo Pivron, j'ai collaboré avec Jacques Borgé et Nicolas Viasnoff qui voulaient sortir un livre sur nos chères voitures, mais ne savaient pas faire la différence entre une Wraith et une Silver Wraith, une Phantom V MPW et une James- Young, une Silver Shadow DHC et une Corniche, etc... Mon travail fut rétribué par plusieurs exemplaires de leur livre lorsqu'il sortit et plein de photos dont il se débarrassèrent n'en ayant plus l'utilité !

En 1983, après avoir vendu une partie de mes miniatures et vidé mon livret A, je me portai enfin acquéreur d'une Rolls-Royce à l'échelle 1. Il s'agissait d'une Silver Cloud (N° LSXA77) de 1956 que l'on peut voir apparaître dans le film « prends ta Rolls et va pointer », Elle était assez fatiguée mais heureusement son six cylindres était très fiable et grâce à Marc Sauzeau, qui venait tout juste de s'installer à son compte, je n'ai jamais eu de panne.

JPSM1

En 1990, alors que je m'étais installé à Nice où j'avais ouvert un magasin d'antiquités, je me rendis chez British Motors à Monaco suite à une énième panne électronique sur ma Daimler (Comme me l'a confirmé un ami collectionneur, sur les anglaises, on arrive toujours à ce que tout fonctionne ... mais pas en même temps). Dans le show-room était exposée une superbe Silver Wraith II 1979 de première main (N° LRX 36506), qui totalisait moins de 30.000 km. Étonnant hasard, je l'avais justement photographiée onze ans avant alors qu'elle était neuve et exposée en vitrine du même concessionnaire !

Grâce à l'héritage de ma défunte grand-mère partie trop tôt quelques mois avant, je l'acquis pour mon plus grand plaisir. Plus spacieuse et mieux finie qu'une Silver Shadow II, j'ai fait de nombreuses sorties à son volant sans jamais rencontrer le moindre problème et ne m'en suis séparé qu'en 2015 alors qu'elle atteignait tout juste 100.000 km.

 

JPSM2

En 1994, lors d'une visite au salon de Reims, où j'avais eu la prudence de ne pas prendre trop d'espèces afin de ne pas être tenté par des achats superflus - mes finances étant au plus bas suite à l'acquisition du château de Germigny l'Évêque -je suis tombé en arrêt devant la limousine Silver Wraith 1951 carrossée par Hooper (N° LWVH87) que Pierre Bergé avait confiée à un ami exposant. Ce véhicule exceptionnel, destiné à l'origine pour les USA, avait servi pendant de nombreuses années à Yves Saint-Laurent et était un des sept conçus par le célèbre carrossier en conduite à gauche... J'en tombais amoureux et ai donc vendu ma Silver Cloud ainsi que ma limousine Cadillac 1967 pour l'acquérir.

JPSM3

Contrairement à la légende, la puissance de son moteur six cylindres de 4,5 litres était très insuffisante et, avec ses 2,5 tonnes sans direction assistée, sa conduite n'était pas vraiment une partie de plaisir. En revanche, sa ligne était majestueuse et le confort des places arrière était irréprochable, sans parler du raffinement de sa cave à liqueur. Je l'ai gardé onze ans et m'en suis séparé après un retour sur la Côte d'Azur où le climat chaud et humide ainsi que le nombreuses côtes ne lui plaisaient pas.

En 2014, j'ai acheté la Phantom VI de 1971 (N° PRX 4657) à la succession de Sergio Leone, décédé pourtant depuis 1989, par l'intermédiaire d'un revendeur londonien. Cette imposante limousine, initialement destinée au Vatican, lui avait été revendue neuve par le concessionnaire romain et elle lui servit à véhiculer les nombreuses stars de Cinecitta pendant de longues années. Détail intéressant, c'est une des très rares à posséder des portes arrière à ouverture inversée et une conduite à gauche plus aisée pour une utilisation en Europe Continentale

JPSM4

Contrairement à mon ancienne Silver Wraith, elle possède une direction et des freins assistés, la climatisation et se conduit très facilement eu égard à son poids et à sa taille majestueuse. Toujours dans mon garage, je m'en sers assez régulièrement pour partir en week-end ou faire des sorties de véhicules de collection.

En 2015, pour les 50 ans de Ludovic, j'ai acquis aux enchères à Cannes, une Corniche III de 1989 en parfait état, qui n'a parcouru que 24.000 miles depuis sa sortie d'usine et a suivi son premier propriétaire de Floride à Monaco. Actuellement stationnée non loin de chez nous en région parisienne, nous l'utilisons pour de plus longues distances, de préférence quand le temps est au beau fixe.

JPSM5

Sinon, après avoir été membre du bureau du RREC-France de 1997 à 1999 puis avoir eu le grand honneur d'être élu président en 2000 pour trois mandats ; à la demande des éditions E.T.A.I. j'ai écrit un ouvrage intitulé « Rolls-Royce de 1904 à nos jours » en 2003 et ai ensuite remis cela avec « Bentley de 1918 à nos jours » chez J.P.S.M. en 2008.

Toujours aussi passionné qu'au premier jour, je prends toujours autant de plaisir à conduire une de nos deux Rolls-Royce, de préférence sur de courtes distances, les conditions de circulation et les contrôles de la maréchaussée me fatigant tout particulièrement. Bien entendu, je pense que ce ne sera pas les dernières ayant encore quelques projets des plus déraisonnables que je comblerai un jour si le destin me le permet !

Mai 2020 

 

JPSM6

 

 

Quand j’étais petit (mais je mesurais déjà 1m92...) je me disais « quand j’serai grand, je m’achèterai une belle auto » !

Le temps a passé, d’abord une BMW un peu ancienne, puis une autre un peu plus récente. Les modes et les goûts changent et mon choix se porte sur une Porsche «Targa». Le son du Flat Twin refroidi par air était magique, inimitable !

En prenant de l’âge, les goûts évoluent encore et l’odeur du cuir, la douceur des boiseries me titillaient déjà. Tout naturellement je regarde vers les anglaises : une berline Jaguar XJ me donne beaucoup de plaisir et ensuite pour faire plus « d’jeune », je la remplace par un coupé XJS. Pour l’instant tout va bien...

Le temps passe, je deviens un peu moins jeune, l’âge de la retraite est arrivé et là, je me dis qu’avant d’être complètement vieux, il me faut avoir une Ferrari. Évident, non ? Et pourquoi pas une Testarossa parce qu’elle un beau « derrière ». Les connaisseurs seront d’accord avec moi !

C’est décidé, direction Monaco. Mon ami David Halliday (il est chanteur mais aussi pilote automobile) qui est maintenant résident sur le « Rocher » me trouve la perle rare. Rendez- vous est pris pour faire un essai : l’auto a plus de dix ans, moins de 4 000 km au compteur, propriété d’un «golfeur» (habitant d’un pays du Golfe !).

C’est à partir de maintenant que ça ce gâte : l’auto est magnifique, elle entre dans mon budget, essai et bonheur parfait... mais au sortir de l’auto je me rends compte que si la Ferrari est encore jeune, moi je ne le suis plus tout à fait ! Manœuvrer le levier de vitesse, l’embrayage, le volant, faire un créneau, s’extraire de l’auto... tout est difficile. Le constat est sans appel : je m’y prends dix ans trop tard !

Totalement dépité, je remonte dans ma Jaguar XJS qui est encore parfaitement compatible avec mes aptitudes physiques et retour à la maison. Bon, sujet suivant...

Sur le chemin du retour vers la Bretagne, je revoyais quelques images du temps de ma splendeur physique et une vision me revenait régulièrement en boucle : mes obligations professionnelles m’amenaient très fréquemment à Paris et particulièrement vers la place des États-Unis. Là, très souvent sur la droite était stationnée une Rolls-Royce. Pour le provincial que j’étais, c’était une auto remarquable, bleu nuit, intérieur beige... Tout ça avait vraiment de la gueule !

Mais revenons à ce pourquoi j’ai commencé ce récit : après l’épisode manqué de la Ferrari, toujours par David Halliday, je suis invité au Grand Prix de Monaco, c’était en 2004. 

Trois jours de festivités et un soir c’est réception à la Villa «Daïquiri» chez les Baccardi (oui, le rhum...) et il est convenu que le chauffeur « de Monsieur » passe me prendre. À l’heure dite, le chauffeur est là, moteur tournant, portière ouverte et je monte dans l’auto qui... est maintenant la mienne ! (non, je ne l’ai pas volé...) : une ROLLS-ROYCE Silver Spur «Centenary», bleu nuit intérieur beige comme toutes les « Centenary » !

Sur le chemin du retour j’avais dit à Michel, le chauffeur, que si un jour Lord Baccardi se séparait de cette auto cela pourrait m’intéresser. Un an après, le 5 juillet j’en prenais livraison et j’emmenais ma maman avec la SPUR « Centenary » dans un beau restaurant de Monaco fêter ses 86 ans ! Sympa, non ?

Bien évidemment, à ce moment-là, j’ignorai totalement ce qu’était la « Centenary »

 

Boiroux 1

Un peu d’histoire : La SPUR « Centenary » c’est quoi ? En 1985, année de production de la 100 000ème Rolls-Royce, les ouvriers de l’usine de Goodwood réalisèrent une SPUR dotée d’aménagements et de finitions spécifiques pour commémorer l’événement.

L’auto est si bien réussie qu’il est décidé d’en produire une petite série de 25 exemplaires destinées aux meilleurs clients de la marque : Sultan de Bruneï (n° 01), Lord Spencer -père de Lady Diana- (n° 18)... Deux seulement furent immatriculées en Europe continentale : la n° 14 acquise par le Roi Fahd d’Arabie Saoudite et la n° 16 (la mienne maintenant) par Luis Gomez del Campo Baccardi, Lord of Bayfield Hall. Ses armoiries figurent toujours sur les deux portières arrière...

Spécifications : peinture « Royal Blue », cuirs « Champagne Nuella », parement des portes arrière avec les mêmes boiseries que le tableau de bord, incrustation du sigle RR en argent massif sur les boiseries des hauts de portières, plaque commémorative au verso du couvercle de boîte à gants.

La console centrale avant contient un bar avec ses verres en cristal et ses flasques à whisky en argent massif. En 1985, le prix «tarif» était de £ 77 740 soit £ 9 995 de plus que la Silver Spur habituelle. 

En Octobre de cette même année 2005, je devenais «full member» du R-REC, pour le pire et... le meilleur ! La SPUR « Centenary » était connue des Enthusiasts’ de la marque puisqu’un membre du R-REC France avait accroché dans son garage un poster sur lequel figurent les 25 exemplaires + l’originale de cette série spéciale. Ce poster est maintenant dans mon salon ! Non, je ne l’ai pas volé non plus, c’est Jean-Yves Rondeau qui me l’a tout simplement offert, sans haine ni violence...

Americo s’occupe merveilleusement bien de cette auto que j’utilise régulièrement, ce matin encore pour aller faire mon marché à Quiberon. Il y a pas si longtemps, c’est mon ami et presque voisin, Arnold Lévitte, membre du R-REC dont la Bentley lui a fait une « infidélité électrique » qui est venu la chercher pour marier sa nièce dans les fin fonds de notre Bretagne... Je le soupçonne de l’avoir fait exprès parce que mon auto est « presque bien plus mieux » que la sienne !

Voilà mon arrivée dans le monde Rolls-Royce mais à force de m’entendre dire que « si à 70 ans on n’a pas encore de Bentley c’est qu’on a raté sa vie », alors je suis passé à l’acte il y a trois ans avec un cabriolet Bentley Azure mais ce sera l’occasion d’une autre histoire...

Jean-Pierre BOIROUX Mai 2020 

Boiroux 2